CARAVAGE

La vie de Caravage (1573-1610) a nourri les élucubrations les plus fantaisistes des historiographes, amplifiant ou dénaturant chaque instant de son cheminement d'homme et de peintre. Loin de l'imagerie du «peintre maudit», grossier ou inculte, dont l'oeuvre serait seulement l'écho de la violence et de la débauche, la démarche de Rodolfo Papa, éminent spécialiste de la Renaissance, consiste à partir des oeuvres elles-mêmes. Il en analyse la technique, le style et la portée, et les restitue dans le contexte esthétique, littéraire, historique et dogmatique du XVIe et du XVIIe siècle, illustrant ainsi à cette seule et pure lumière le parcours pictural du Caravage.Le renom de Caravage, les nouveautés que sa manière introduisit ont marqué profondément ses contemporains et maints artistes italiens et étrangers, les «caravagesques», qui bientôt suivent ses pas et diffusent l'enseignement de ses oeuvres. Giulio Cesare Gigli écrira, quelques années après sa mort : «Heureux sois-tu, toi qui arrives à ce moment. Cet homme est le grand Michelangelo Caravage, premier entre les peintres, la merveille de l'art, l'étonnement de la nature, mais ensuite la cible d'un triste sort.»