Marcher lentement dans des rues animées procure un plaisir particulier.On est débordé par la hâte des autres, c'est un bain dans le ressac. Mais, quelque habile que vous soyez à leur céder le passage, mes chers concitoyens berlinois ne vous facilitent pas les choses. J'essuie toujours des regards méprisants lorsque j'essaie de flâner parmi les gens affairés.J'ai l'impression que l'on me prend pour un pickpocket. Les filles des grandes villes, prestes et guindées, à la bouche insatiablement ouverte, se fâchent lorsque mes regards s'attardent le long de leurs épaules qui flottent et de leurs joues qui planentNon pas qu'elles soient absolument contre le fait qu'on les regarde, mais ce regard au ralenti de spectateur innocent les énerve. Elles remarquent que, chez moi, il n'y a rien derrière.